Le mot de la présidente – décembre 2015

Une comparaison grinçante et sa conclusion

J’allais intituler ce Mot Comme des ongles ratissant un tableau noir, et puis j’ai pensé à tous les frissons que le titre allait provoquer et je me suis retenue… De toute façon, il était trop long. (Pas trop long pour une première phrase, remarquez, et il semble que j’aie moins de pitié pour mes lecteurs passé le titre.)

Bon, alors, qu’est-ce qui me fait l’effet d’o… ? (Cette fois, je vous épargne) La question suivante, posée sur un ton un tantinet exaspéré, voire accusateur : – A quoi ça sert, l’UNEQ ? En fait, je me rends compte que ce n’est pas tant la question, justifiée dans le cas des nouveaux auteurs, mais le ton, ce fameux ton qui sous-entend que l’UNEQ ne fait rien pour les écrivains, ou si peu, ne leur offre aucun service, ni formation, ni conseil, ne fait pas de représentation auprès des gouvernements et dans les médias pour défendre leurs intérêts et ne travaille pas à la diffusion de la littérature québécoise. J’ajoute et cetera au cas où la liste de ce que l’UNEQ ne fait pas serait encore plus longue.

En réalité, le problème ne vient pas de l’inactivité de l’UNEQ (après 15 ans au conseil d’administration, je puis vous en assurer), mais de ce que son travail est souvent de longue haleine et prend parfois du temps à donner des résultats. Il faut aussi composer avec les obstacles, notamment celui de la Loi sur le Statut de l’artiste 32.01 qui nous gouverne et n’impose pas à nos « diffuseurs » les mêmes obligations que la 32.1, qui gouverne les artistes de la scène impose aux leurs. Ce n’est pas parce que nous nous tournons les pouces que nous n’avons pas obtenu de contrat d’édition unique, c’est parce que la Loi 32.01 n’oblige pas les éditeurs à négocier avec nous et que, sur ce sujet-là, malgré nos nombreuses tentatives, ils ne sont pas intéressés à le faire.

En revanche, nous rencontrons à intervalles réguliers depuis un an un comité de représentants de l’ANEL avec qui nous nous sommes entendus sur un formulaire de reddition de comptes qu’ils ont présenté avec succès à leur assemblée générale. En quoi cette entente sera-t-elle bénéfique aux écrivains ? Le formulaire recommandé est plus exhaustif, plus clair et, surtout, reprend les termes du contrat d’édition, ce qui permettra aux auteurs de vérifier beaucoup plus simplement comment se passe la commercialisation de leurs œuvres, de voir si elle est conforme aux engagements pris par l’éditeur et d’intervenir, le cas échéant. (Avec l’aide de notre conseillère juridique, s’ils le veulent, mais, nous ne le dirons jamais assez : il est toujours préférable de consulter avant de signer un contrat plutôt qu’après… pour des raisons évidentes.) S’ajoute à ce formulaire, un lexique commun des termes à utiliser dans les formulaires de reddition de compte adoptés par chaque maison d’édition.

Les rencontres avec l’ANEL se poursuivront cette année et nous y traiterons d’autres questions importantes pour nos membres. La dernière a eu lieu le 27 octobre dernier et, après une discussion sur l’autoédition, nous avons décidé d’ajouter au lexique commun une explication du fonctionnement de l’édition à compte d’auteur et de l’édition à compte d’éditeur. Ces informations seront diffusées ultérieurement sur notre site. La question de la promotion, des coûts qu’elle entraîne et de la participation des auteurs a aussi été abordée. Nous y reviendrons à une prochaine réunion.

On le voit, la question du contrat d’édition n’en est qu’une parmi d’autres. Il faut aussi travailler sur d’autres fronts et nous le faisons quotidiennement. Malheureusement, et malgré notre assiduité à les informer, beaucoup trop d’écrivains restent ignorants des mille et une façons dont l’UNEQ peut leur venir en aide et améliorer les conditions de leur pratique.

Conclusion ?

Elle est simple, mais pas nécessairement facile à mettre en œuvre : il faut déployer encore plus d’efforts pour communiquer à la fois avec nos membres et avec la communauté des écrivains. De notre plan stratégique 2013-2017, élaboré sur la base de nos mandats prioritaires, a découlé notre plan des communications (oui, oui, je sais, ça fait beaucoup de plans, mais pour arriver à quelque chose, il faut bien commencer par s’organiser) où nous avons établi comme objectif premier de faire connaître l’UNEQ non seulement comme un syndicat professionnel prenant publiquement position sur les enjeux du milieu littéraire, mais comme un organisme de services, au service justement de tous ses membres.

J’ajoute, et j’espère que personne n’en doutera, que nous ne travaillons pas uniquement pour les écrivains vivant à Montréal ou en périphérie, mais pour tous les écrivains, qu’ils soient montréalais ou régionaux. Cependant, dans un territoire aussi vaste que celui du Québec, il est parfois difficile pour une équipe localisée à Montréal de savoir exactement ce qui se passe dans les régions éloignées du centre ou de saisir en profondeur l’impact sur elles de décisions gouvernementales. C’est la raison pour laquelle nous avons créé en 1998 le Comité Trans-Québec et réservé un poste au conseil d’administration à un représentant des régions, et pour laquelle, chaque année, nous allons rencontrer les acteurs du milieu littéraire d’une région spécifique. Nous sommes conscients, toutefois, que cela ne suffit pas. Nous avons besoin que les écrivains des régions nous informent de l’aide que peut et doit leur fournir l’UNEQ, accent mis sur le verbe d’action informer. Quand nous avons appris que plusieurs associations régionales s’épuisaient dans des tâches administratives qui les empêchaient de consacrer leurs énergies à des activités d’animation et de soutien à leurs membres, nous nous sommes adressés avec elles au CALQ pour demander la création d’un « guichet unique » de services. Bien qu’il soit ardu de déterminer une gamme de services qui réponde à l’ensemble des besoins, nous y sommes presque. Mais nous n’avons pu agir que parce que nous avons été informés. Tous les commentaires, toutes les demandes, toutes les critiques (mais ne vous gênez pas pour nous féliciter aussi de nos bons coups, ça encourage les troupes, comme vous savez) sont et seront toujours les bienvenus.  Découvrez votre délégué Trans-Québec en cliquant ici. Vous pouvez également communiquer avec eux en nous transmettant votre message à l’adresse ecrivez@uneq.qc.ca.

Vous remarquerez que vous pouvez maintenant, sur le nouveau site de l’UNEQ, commenter les articles (dont celui-ci) et les communiqués que nous ferons paraître. Ne vous en privez pas. Nous voulons que la communication avec vous soit plus directe, interactive. La technologie moderne nous le permet, profitons-en. Et n’oubliez pas de nous lire souvent, de vous renseigner sur les différents services que nous vous présenterons les uns après les autres sous la rubrique Services. De cette façon, si quelqu’un vous pose la fameuse question sur un ton qui éveille en vous une comparaison grinçante…, vous saurez quoi répondre.

Danièle Simpson

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