L’UNEQ, déjà 40 ans

Depuis le 21 mars 1977, l’UNEQ défend les droits socioéconomiques des écrivains et promeut la littérature québécoise, au Québec, au Canada et à l’étranger. Oui, depuis 40 ans !

Le 21 mars 2017, nous ne célébrerons pas en grande pompe — le party monstre, ce sera pour nos 50 ans. Mais au cours des prochains mois, nous mènerons plusieurs activités spéciales en collaboration avec des médias, avec des salons du livre et d’autres partenaires, pour insister sur la reconnaissance du métier d’écrivain et de la littérature québécoise, sur les bouleversements et les progrès des 40 dernières années, sur les défis qui nous attendent.

Du pain sur la planche

Cette année , la politique culturelle québécoise est en cours de révision — nous avons fait entendre notre voix à ce sujet en juin 2016. Un dossier à suivre de près, car les enjeux sont importants pour nos membres.

Ce printemps, la Ville de Montréal tiendra des audiences publiques pour bonifier son projet de politique de développement culturel 2017-2022 (consultez le document de réflexion). Nous ferons, là aussi, entendre notre voix. Parce que la culture ne se joue pas seulement à Ottawa et à Québec, mais aussi dans les bibliothèques publiques montréalaises, dans le réseau Accès culture, etc.

2017 est également l’année de la révision quinquennale de la Loi sur le droit d’auteur. La dernière version de la Loi, en 2012, a fait très mal aux auteurs, certains établissements d’enseignement interprétant la notion d’utilisation équitable pour édicter leurs propres règles en ce qui concerne les droits de reprographie de textes d’auteurs d’ici comme d’ailleurs.

En mai 2014, l’Université Laval a décidé de ne pas renouveler la licence qu’elle détenait avec Copibec (la société de gestion collective des droits de reproduction créée par l’UNEQ et l’Association nationale des éditeurs de livres en 1997), décrétant unilatéralement et sans validation des tribunaux que la notion d’utilisation équitable incluse dans la Loi sur le droit d’auteur de 2012 donnait à ses enseignants le droit de reproduire 10 % d’une œuvre ou un chapitre entier. De plus, dans son « Guide du droit d’auteur », l’Université insiste sur le fait que les enseignants doivent se prévaloir de la plus avantageuse des possibilités offertes.

Copibec a déposé devant la Cour supérieure, le 13 mars dernier, une action collective où elle réclame, au nom des milliers d’auteurs et d’éditeurs québécois et étrangers lésés par l’Université Laval, des dommages matériels, moraux et exemplaires qu’elle estime déjà à plus de sept millions $ — voyez le communiqué.

En septembre, nous organiserons une Journée de réflexion sur la littératie, autour de laquelle nous avons déjà réuni plusieurs partenaires : l’Association des distributeurs exclusifs de livres en langue française (ADELF), l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL), Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et la Fondation pour l’alphabétisation.

Voilà pour l’agenda 2017 de l’UNEQ, sur le plan politique.

Au service de nos membres

Notre table de travail est chargée de bien d’autres dossiers :

  • l’amélioration continue des formations offertes à nos membres (notamment celles qui sont disponibles sur la plateforme web L’auteur autonome ;
  • la diffusion plus large sur la scène internationale des œuvres littéraires québécoises — nous travaillons sans cesse à élargir notre présence et celle de nos membres en participant à des foires et des salons du livre, en créant des partenariats qui donnent accès à des résidences d’écriture, etc. ;
  • un maillage plus étroit avec le milieu éducatif, parce que nous croyons que les écrivains sont bien placés pour transmettre les plaisirs de la lecture et du livre ;
  • des investissements plus créatifs dans le champ numérique (l’application mobile que nous avons contribué à créer, Opuscules, n’est qu’un début) ;
  • un réseautage plus large de l’UNEQ avec d’autres partenaires (Culture Montréal, le réseau Les Arts et la Ville, Diversité artistique Montréal, etc.) ;
  • un travail de négociation avec les représentants de la chaîne du livre pour faire reconnaître l’apport fondamental des écrivains dans cette industrie qui, sans eux, n’existerait pas.

L’UNEQ est un syndicat qui ne dispose pas de tous les pouvoirs syndicaux. Même si nous sommes reconnus dans la Loi sur le statut de l’artiste S-32.01 comme partie négociante, nous ne pouvons obliger les éditeurs à négocier une entente collective qui prendrait la forme d’un contrat d’édition type.

Danièle Simpson, présidente de l’UNEQ de 2010 à 2016, a dressé en décembre dernier un portrait éclairant du chemin parcouru depuis le début de la décennie : malgré les embûches, entre autres monétaires (notre milieu n’a pas échappé à « l’austérité »), la direction de l’UNEQ a mis en place des activités offertes au grand public, ouvrant la Maison des écrivains à tous ceux que la littérature inspire, professionnels comme amateurs, dans le cadre de lancements de livres, d’ateliers de formation et d’événements festifs ou plus pédagogiques. Nos partenaires sont de plus en plus nombreux, nos liens avec la diversité culturelle se sont resserrés, notre engagement à l’égard de la littératie s’est affirmé et notre volonté de contribuer au questionnement que soulève une coalition de femmes artistes sur le sexisme systémique en culture s’est traduite par la création d’un comité égalité hommes-femmes qui a commencé ses travaux en novembre dernier.

En somme, l’UNEQ et ses membres peuvent être fiers du chemin parcouru, mais beaucoup de travail reste à faire pour que les droits socioéconomiques des écrivains soient correctement protégés et pour que la littérature québécoise reçoive toute l’attention qu’elle mérite.

Petite histoire de l’UNEQ

À la fin des années 1970 et au début des années 1980, l’UNEQ tente de négocier avec des éditeurs un contrat-type d’édition. L’Union entreprend aussi des démarches auprès de ministères et d’organismes gouvernementaux pour que les auteurs obtiennent une compensation pour l’accès public gratuit à leurs livres dans les bibliothèques publiques. Un programme canadien de droit de prêt public entre en fonction en 1987.

Un système de paiements de droits de reprographie prend forme au milieu des années 1980 pour devenir en 1997 Copibec (la Société québécoise de gestion collective des droits de reproduction), grâce au travail conjoint de l’UNEQ et de l’Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

En 1988-1989, l’UNEQ propose des modifications au projet de loi 78, sur le statut professionnel des artistes en arts visuels, des métiers d’art et de la littérature , visant à y inclure une définition plus large de l’écrivain. En 1990, nous sommes reconnus l’association la plus représentative des artistes du domaine de la littérature en vertu de la Loi sur le statut professionnel des artistes en arts visuels , des métiers d’art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs (L.R.Q., chapitre S-32.01).

L’UNEQ est également accréditée en 1996 par le Tribunal canadien des relations professionnelles artistes-producteurs pour négocier des accords-cadres, de façon exclusive, avec les producteurs relevant de la compétence fédérale.

La négociation d’ententes collectives avec des éditeurs étant infructueuse, l’UNEQ met de l’avant dans les années 1990 son service-conseil pour aider les écrivains à mieux négocier leurs contrats d’édition, un service de consultation fiscale et autres outils. À ces services aux membres, il faut ajouter le Fonds de secours Yves-Thériault créé en 1983 (depuis 2013, ce fonds est affilié à la Fondation des artistes), un programme de parrainage lancé en 1991 ainsi que la bourse d’écriture Jean-Pierre-Guay — Caisse de la Culture (depuis 2012).

Sur le terrain de la promotion de la littérature québécoise, l’UNEQ crée en 1994 le Festival de la littérature (FIL) et gère cet événement jusqu’en 2004 (l’organisme vole depuis de ses propres ailes). Le programme de tournées d’écrivains dans les cégeps et universités Le français, parlez-moi d’une langue ! se met en branle en 1997, suivi par Writers in cegeps (1999). Depuis 2004, l’UNEQ est associée au volet littérature du programme La culture à l’école, qui permet aux écoles primaires et secondaires publiques et privées du Québec d’inviter des écrivains dans les classes pour donner des ateliers. Tous ces programmes fonctionnent à plein régime en 2017.

Depuis la fin des années 1990, l’UNEQ s’est dotée de plusieurs outils numériques : L’ÎLE, centre de documentation en ligne sur la littérature québécoise (1998) ; Le Ph@re, plateforme de microsites pour les écrivains (2013) ; la trousse de formation en ligne L’auteur, un agent autonome (2014, aujourd’hui L’auteur autonome) ; l’application mobile Opuscules, conçue avec le Laboratoire NT2 de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), pour une expérience du texte littéraire sur tablettes et téléphones mobiles (2015), et la mise en ligne la même année d’un Répertoire d’œuvres du patrimoine littéraire québécois.

La première édition de Livres comme l’air, en partenariat avec Amnistie internationale et le Centre québécois du P.E.N. international, se déroule en 2000. Cette année, l’UNEQ participera à la 17e édition de cette initiative.

En 2010-2011, l’UNEQ s’oppose au projet de loi fédéral C-32 modifiant la Loi sur le droit d’auteur , et fait partie du regroupement Droit d’auteur – Multimédia — Internet – Copyright (DAMIC). L’Union participe aussi à la campagne « Nos livres à juste prix », pour une réglementation du prix des livres neufs, en 2012-2013.

L’année 2014 est marquée par la faillite de l’éditeur La courte échelle (l’UNEQ offre un soutien juridique aux auteurs touchés et fait pression auprès des pouvoirs publics pour que les redevances dues soient intégralement payées), par l’organisation d’un premier échange de résidences d’écriture avec Port-au-Prince et par la création du Club de lecture de l’UNEQ, l’un des trois clubs québécois affiliés au Festival du premier roman de Chambéry.

En 2015-2016, l’UNEQ développe de nouvelles activités de promotion de la littérature, notamment la série Les romanciers invités (avec la Cinémathèque québécoise), un cabaret historico-littéraire en hommage à José Martí (en collaboration avec le festival Latin Arte), la création de la journée Assia Djebar (avec Racines et confluences, SN Production et Mémoire d’encrier) ainsi que la série La Piazza, en collaboration avec l’Institut Italien de Culture de Montréal.

Pour en savoir plus sur l’histoire de l’UNEQ, consultez notre chronologie ainsi que les textes suivants  :

 

  1. François Piazza

    J’y étais. C’était dans la salle de conférence aujourd’hui disparue de la société St-Jean-Baptiste. Nous étions environ une trentaine, et la séance fut un peu attristée par l’annonce du suicide d’Hubert Aquin, deux jours avant, lui qui avait tant milité pour la formation de l’UNEQ. Mais la fin fut joyeuse : enfin nous allions avoir une voix et défendre nos droits face aux éditeurs et aux gouvernements.

    « Quod fecit » Bravo l’UNEQ

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