Mot de la présidente — octobre 2017

Par Suzanne Aubry, présidente de l’UNEQ

Moi qui croyais (ou espérais) que le mois d’octobre serait un peu plus calme ! Ce fut tout le contraire… D’abord, le 8 octobre dernier, la ministre de Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a dévoilé sa nouvelle politique culturelle. Dans une lettre ouverte, j’ai fait part de la déception de l’UNEQ en constatant que la ministre ne s’engageait pas concrètement en faveur des créateurs quant à la notion d’utilisation équitable des œuvres, qui a fait tellement de tort aux ayants droit en permettant l’introduction de nombreuses exceptions. Vous avez sans doute lu l’article du Devoir qui faisait état de pertes se chiffrant à des millions de dollars pour les auteurs.

© Julien Faugère

Comme la révision de la Loi sur le droit d’auteur s’amorce au mois de novembre, nous serons aux premières loges pour défendre les écrivaines et écrivains et revenir à une loi plus équitable, tout en établissant des liens stratégiques avec les éditeurs, les associations de créateurs et même des utilisateurs comme les institutions d’enseignement afin de sensibiliser celles-ci à l’importance de payer des redevances raisonnables pour l’utilisation et la reproduction des œuvres. J’y reviendrai prochainement…

L’autre dossier qui a retenu notre attention, c’est celui de la consultation entreprise par l’ancien ministre de la Culture et des Communications, Luc Fortin, afin de le conseiller sur sa nouvelle politique culturelle, « Partout la culture », et le plan d’action qui doit être divulgué en décembre prochain. L’UNEQ a participé aux cinq comités de travail sur le soutien à la création et la condition socio-économique des artistes mis sur pied par le ministre ainsi qu’au forum national de consultation où une grande partie des milieux culturel et citoyen a livré ses recommandations afin d’étoffer la politique avec des mesures à la fois plus concrètes et structurantes.

Voici les grandes lignes des recommandations qui ont été établies par les représentant(e)s des associations culturelles présentes lors de la dernière rencontre du comité de travail, afin de nourrir la réflexion du ministère pour la rédaction du plan d’action :

  • Que les arts et la culture soient reconnus comme le cinquième pilier du développement durable, au même titre que l’environnement, le social, l’économie et la démocratie.
  • Que la politique culturelle devienne une politique gouvernementale, mettant à contribution les ministères liés à l’éducation et au développement économique afin de favoriser un meilleur soutien aux arts et à la culture, ainsi qu’aux créateurs et aux travailleurs culturels qui lui permettent d’exister.
  • Que l’État réinvestisse de façon massive dans les arts et la culture, notamment dans les institutions comme la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ).
  • Qu’une révision et une modernisation des deux lois du statut de l’artiste soient entreprises afin de favoriser un meilleur filet social pour les créateurs ainsi que l’établissement de pratiques contractuelles exemplaires.

Entre-temps, nous avons appris, lors du vaste remaniement entrepris par le gouvernement Couillard, que le ministre Fortin a été muté au ministère de la Famille, au moment où s’achevaient les consultations sur sa nouvelle politique culturelle. L’UNEQ a fait connaître sa réaction par un communiqué de presse déplorant le départ de M. Fortin. Le ministère de la Culture a connu trois changements de ministres en autant d’années (un quatrième si l’on compte le ministre sous le gouvernement précédent), ce qui est loin de favoriser la continuité et la stabilité d’un milieu déjà fragilisé. Voici un extrait de ce communiqué :

L’UNEQ a encore une fois le sentiment que le gouvernement accorde bien peu d’importance à la continuité dont a besoin le milieu culturel alors que celui-ci, à sa demande, a dépensé temps et énergie en toute bonne foi et avec compétence pour participer aux travaux qu’on réclamait de lui dans un contexte où les créateurs voient leurs droits de plus en plus érodés.

L’UNEQ demande instamment que le plan d’action soit déposé comme prévu au mois de décembre prochain, afin que le milieu culturel puisse se prononcer sur ce projet que les créateurs et les artistes attendent déjà depuis trop longtemps.

Bien entendu, nous souhaitons la meilleure des chances à la nouvelle ministre du ministère de la Culture et des Communications, Marie Montpetit, et nous lui offrons notre pleine collaboration dans l’exercice de son nouveau mandat.
 

2 commentaires sur “Mot de la présidente — octobre 2017

  1. Tremblay Gérald

    Il ne faut pas oublier d’augmenter les fonds à Copibec ainsi qu’un soutien aux Regroupements des écrivains (en région). Souvent, c’est par de «petits événements» littéraires en région que les écrivains peuvent se faire connaître.

    Merci de votre collaboration,

    Gérald Tremblay

  2. Nicole Boyer

    Je trouve très déplorable le peu d’énergie et d’argent mis à la disposition des arts, des lettres et de la culture. Il faut bien être artiste et auteure pour voir combien de personnes vivent dans la pauvreté et ne sont pas reconnus.
    Nicole Boyer, auteure et aquarelliste, chant et théâtre amateur. Québec

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