Résidences d’écriture : Bogotá-Montréal, d’une langue et d’une terre à l’autre

Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), qui célèbre son 25e anniversaire cette année, a développé un impressionnant réseau de résidences d’écriture à l’international. Les concours et résidences soutenus par le CALQ ont donné un coup de pouce à la carrière de plusieurs écrivains tout en favorisant les échanges culturels. C’est cette complicité professionnelle qui unit aujourd’hui l’écrivaine québécoise Joanne Rochette et le traducteur colombien Alexánder Martínez.

Joanne Rochette
(photo : Dominique Lafleur)

En 2014, Joanne Rochette a obtenu une résidence d’écriture à Bogotá, en Colombie, grâce à un programme d’échange de résidences conclu en 2010 entre le Ministère de la Culture de la Colombie et le CALQ. Elle en a profité pour se lancer dans l’écriture d’un roman, Le rire de García. Elle avait déjà publié Vents salés (VLB, 2011) et Quartz (Mémoire d’encrier, 2014).

« Mon projet était d’écrire un roman qui se déroule en Colombie », précise-t-elle. « Je désirais explorer un nouveau regard sur les Amériques, en partant de l’idée que finalement, le Québec et la Colombie partagent de nombreux points communs et ce faisant, nous pourrions échanger beaucoup plus, apprendre les uns des autres, dans un rapport ouvert, décolonisé, curieux. Afin de déployer une écriture authentique, j’ai fait le choix d’avoir un personnage principal qui est une Québécoise. »

« Ma résidence en 2014 a été extrêmement fructueuse. J’y ai écrit la première moitié de mon roman », poursuit Joanne Rochette. « J’ai également participé à des activités littéraires et fait toutes sortes de choses différentes pour mieux découvrir le pays et comprendre les gens (visites, rencontres, recherches, soirées). On m’a merveilleusement accueillie. Les Colombiens sont attentionnés, chaleureux, aimables. Je me suis fait des amis très importants, qui me sont chers, et que je retourne voir à chacun de mes voyages. »

Alexánder Martínez à Montréal en mai 2019

En effet, Joanne Rochette est retournée en Colombie à trois reprises, par ses propres moyens (en 2015, 2017 et 2018), pour compléter ses recherches et poursuivre l’écriture de son roman.

En 2017, un étudiant en philologie française de l’Université Nationale de Colombie, Alexánder Martínez, a découvert Quartz grâce à un éditeur de Bogotá. Le jeune homme s’est tout de suite intéressé à l’œuvre de Joanne Rochette. « Je l’ai contactée pour discuter de Quartz et de littérature québécoise dans un séminaire de littérature française à l’Université Nationale de Colombie », raconte-t-il aujourd’hui. « Après cette rencontre, je lui ai manifesté mon souhait de traduire l’un de ses ouvrages en espagnol colombien. »

Alexánder Martínez a tenté d’obtenir, en 2018, une résidence de traduction au Centre des arts de Banff (en Alberta), sans succès. Il a ensuite déposé sa candidature pour une résidence d’écriture à Montréal dans le cadre de l’entente de coopération entre le CALQ et le Ministère colombien de la Culture. (L’UNEQ, partenaire de cette entente, se charge de l’accueil et de l’hébergement de l’écrivaine ou de l’écrivain qui obtient la bourse et facilite son intégration dans la communauté littéraire québécoise.)

Joanne Rochette et Alexánder Martínez à Montréal en mai 2019

En juin 2018, Joanne Rochette a enfin rencontré Alexánder Martínez en Colombie. En juillet, bonne nouvelle : le traducteur a obtenu la bourse pour se rendre à Montréal. Sa résidence se déroulera en mai et juin 2019.

Pendant les six derniers mois de 2018 et au début de 2019, les deux comparses ont travaillé à distance sur le projet de traduction du Rire de García en espagnol colombien. Et depuis quelques semaines, à Montréal, ils poursuivent d’arrache-pied leur fructueuse collaboration, jusqu’à la parution de la traduction en espagnol colombien.

« Grâce au riche travail d’Alexánder, à son talent et à sa grande curiosité, il est en train de se passer quelque chose de fabuleux : un canal se construit entre le Québec et la Colombie », se réjouit Joanne Rochette.

Des résidences en Amérique du Sud, aux États-Unis, au Canada, en Europe et en Asie

Le CALQ maintient actuellement des résidences d’écriture avec l’Argentine, la Bavière, le Brésil, la Colombie, l’État de New York, la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Mexique, le Japon et le Vietnam.

À Londres, New York, Paris et Rome, les studios du Québec sont également accessibles aux écrivains québécois.

À l’intérieur du Canada, il existe aussi des résidences au Nouveau-Brunswick, en Ontario et au Centre des arts de Banff.

Les dates butoir de ces concours varient. Au moment d’écrire ces lignes (fin mai 2019), les écrivains québécois peuvent déposer une candidature pour les résidences en Argentine (date limite : 12 septembre 2019), en Bavière (12 septembre 2019), à Bruxelles (12 septembre 2019), au Mexique (12 septembre 2019) et au studio du Québec à Paris (en tout temps).

Pour obtenir une bourse de mi-carrière, « l’écrivain doit avoir publié entre deux et cinq livres ou un minimum de cinq textes différents dans un contexte reconnu par ses pairs et dans un genre littéraire admissible à une bourse du Conseil », spécifie le CALQ. Pour une bourse de développement, « l’écrivain doit avoir publié plus de cinq livres dans un contexte reconnu par ses pairs et dans un genre littéraire admissible à une bourse du Conseil. »

Le montant accordé en bourse varie selon la durée de la résidence et les destinations, de 4 500 $ à 6 000 $ pour une résidence de deux mois et de 6 500 $ à 11 000 $ pour trois mois. Les résidences à Londres, New York, Rome et Paris durent six mois, avec des bourses allant de 19 800 $ à 22 500 $.

  • Pour en savoir plus sur les résidences du CALQ, cliquez ici. Sous « Liste des studios et résidences », choisissez « Littérature et conte ».
  • Pour ne jamais manquer une échéance, consultez la liste des prix, concours et bourses régulièrement mise à jour par l’UNEQ — cliquez ici.

À la rencontre d’Alexánder Martínez et de Joanne Rochette

L’UNEQ a organisé une soirée de rencontres, de lectures et d’information qui mettra en vedette Alexánder Martínez et Joanne Rochette, le 17 juin 2019 à compter de 19 h, à la Maison des écrivains (pour obtenir nos coordonnées, cliquez ici). Le traducteur en résidence et la romancière liront des extraits de leurs œuvres — oui, une traduction est une nouvelle œuvre — et répondront aux questions du public.

Diane Isabelle, chargée de programmes, Studios et ateliers-résidences à la Direction du soutien à la diffusion et au rayonnement international du CALQ, répondra aux questions du public sur les studios et ateliers-résidences offerts aux écrivains.

Biographies

Alexánder Martínez habite en banlieue de Bogotá, capitale de la Colombie. Après une licence en philologie française à l’Université Nationale de Colombie (2013-2018), il se consacre à l’enseignement de langues, à la traduction et aux métiers de l’édition.

Joanne Rochette, romancière et scénariste, enseigne l’histoire au Collège de Rosemont. Elle a publié deux romans : Vents salés (VLB, 2011) et Quartz (Mémoire d’encrier, 2014). Elle a terminé, après plusieurs séjours de recherche en Colombie, Le rire de García, roman pour lequel elle a reçu une résidence de création du CALQ en 2014.

Diane Isabelle œuvre dans le milieu des arts, du développement culturel et des communications depuis près de 40 ans. En 2000, elle est entrée au CALQ comme chargée de programmes en théâtre puis, depuis 2013, à la Direction du soutien à la diffusion et au rayonnement international, comme responsable du programme international de Studios et ateliers-résidences. À ce titre, elle a contribué au développement de nouveaux partenariats internationaux en Amérique du Sud, en Europe, en Afrique et en Asie.
 
 

  1. UNEQ

    P.S. Le CALQ a récemment conclu une entente de partenariat avec le Ministère de la Culture et de la Communication du Royaume du Maroc pour inaugurer un programme d’échanges d’artistes et d’ateliers-résidences entre le Québec et le Maroc. Dans le cadre de cet échange, un artiste québécois en arts visuels ou en bandes dessinées pourra séjourner à l’Institut national des beaux-arts de Tétouan. La durée du séjour sera de deux mois en mai et juin 2020. Une bourse de 3 500 $ permettra de couvrir les frais de transport international et les assurances. Date limite pour soumettre une candidature : 12 septembre 2019. Pour en savoir plus, cliquez ici.

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