Le roman en série… pour un heureux dénouement contractuel

(Source : L’Unique, journal de l’UNEQ, avril 2014. Mise à jour : juillet 2015.)

Quand l’idée vous est venue, ce fut l’effet d’une véritable révélation. Du coup, vous la connaissiez cette femme-là, l’héroïne de votre prochain roman. Et quelles aventures s’apprêtait-elle à vivre, cette femme pas comme les autres ! En fait, un seul tome ne saurait rendre justice à  son existence littéraire. Pourquoi ne pas en faire une trilogie ? Votre éditrice trouve qu’il s’agit là d’une bonne idée, elle voit le potentiel, et vous propose de signer un contrat type sur-le-champ. Halte-là ! Comment s’articulent les deux grands axes du contrat d’édition, la propriété  intellectuelle et le droit d’exploitation, dans le cas de romans en série ?

À chaque tome son contrat

Si l’aventure littéraire en plusieurs tomes vous permet d’explorer un seul univers à travers la vie de votre personnage principal, chaque livre de la série doit tenir d’un contrat distinct. Ici, la Loi sur le statut de l’artiste appuie les auteurs dans leur démarche puisqu’elle oblige les éditeurs à rédiger des contrats différents pour tous les livres qu’il publiera. Mais le travail ne s’arrête pas là. Vous devez aussi vous assurer que les conditions du contrat initial ne s’appliquent pas à tous les livres de la série, car si le succès commercial est au rendez-vous, et c’est ce que l’on souhaite, c’est lors de la négociation du contrat d’édition du deuxième tome que l’on peut corriger le tir sur le premier. On pensera alors notamment à obtenir un à-valoir plus substantiel, des droits d’auteur plus élevés ainsi qu’un plus grand budget de promotion, celui-ci payé par l’éditeur, évidemment.

Un acte de cohérence 

Signer de nombreux contrats d’édition dans le cadre de romans en série exige de l’auteur une compréhension d’autant plus grande des clauses incluses au contrat. Ainsi, l’auteur doit s’assurer d’être cohérent quant aux droits accordés. Par exemple, mieux vaut ne pas accorder les droits d’adaptation cinématographique que dans le contrat d’un seul tome de la série, ou encore accorder les droits de traduction seulement sur certains titres de la série. L’auteur doit ainsi avoir une vision d’ensemble de son œuvre du point de vue du processus d’exploitation afin de bien définir quels droits il accorde à l’éditeur par l’intermédiaire de négociations.

Votre série dans le temps

Vos livres sont épuisés ou l’éditeur n’exploite plus votre œuvre. Pire encore, elle risque d’être mise au pilon. Dans ce cas, récupérer ses droits peut s’avérer une bonne idée. Pour bien vous préparer à une telle éventualité, vous devez vous assurer que les durées des clauses coïncident dans tous les contrats relatifs à la série de livres, afin d’être en mesure de reprendre vos droits sur l’œuvre entière, idéalement en même temps.