Commentaire face à la mise en garde du ministère sur le roman de François Blais

Commentaire de l’UNEQ face à la mise en garde du ministère de la Santé et des Services sociaux relative au roman de François Blais Le garçon aux pieds à l’envers publié chez Fidès en 2022.

Certes, tous les ouvrages littéraires ne conviennent pas à tous les publics. Certes, il y a des œuvres qui doivent faire l’objet d’une attention particulière avant d’être recommandées aux plus jeunes. Mais à qui revient ce rôle ?

La décision du ministère de la Santé et des Services sociaux découle sans doute d’une bonne intention : celle de protéger les lecteurs et lectrices d’une influence néfaste potentielle.

Mais, agissant ainsi, l’UNEQ est d’avis que l’état et ses institutions se substituent à de nombreux intervenantes et intervenants responsables et capables de discernement :

  • L’auteur lui-même, en premier lieu, conscient de ce qu’il écrit, en tant que professionnel de la littérature.
  • L’équipe de sa maison d’édition, qui a un rôle essentiel dans le processus et qui veille à ce que les textes qui lui sont soumis soient conformes aux lois en vigueur encadrant le contenu, en plus de s’assurer que la promotion de ces ouvrages se fasse de façon intelligente et éclairée.
  • Et, bien sûr, tous les professionnel·le·s de la pédagogie et de la recommandation littéraire : enseignant·e·s, conseiller·ère·s pédagogiques, bibliothécaires ou libraires, formé·e·s, expérimenté·e·s et soucieux·ses de proposer des lectures adaptées desquelles un échange enrichissant et constructif peut naître.

En s’interposant dans ce processus, le ministère ouvre une porte verrouillée à double tour et qui doit le rester : celle de la mise à l’index d’œuvres artistiques, une pratique que la société a jugé intolérable il y a bien longtemps.

Plus encore, le ministère manque de respect au grand écrivain qu’était François Blais et à tou·te·s les professionnel·le·s de la chaîne du livre et du milieu de l’éducation.

Pour toutes ces raisons, l’UNEQ estime que cette mise en garde mérite d’être levée sans délai.