3 M$ pour venir en aide aux victimes de harcèlement et de violence dans le milieu culturel

Le mardi 18 avril 2023, le Ministère de la Culture et des Communications a annoncé en conférence de presse une aide de 3 M$ à la clinique juridique Juripop pour bonifier les activités de son programme L’Aparté.

Depuis sa création en 2018 à la suite des répercussions du mouvement #MoiAussi sur le milieu de la culture, l’Aparté accompagne les artistes et les travailleuses et travailleurs de la culture en matière de harcèlement et de violence dans le milieu culturel. Grâce au soutien du gouvernement du Québec, l’Aparté bonifie son offre et peut dès maintenant représenter gratuitement les artistes et les travailleuses et travailleurs de la culture admissibles devant le Tribunal administratif du travail.

Grâce à l’adoption le 3 juin 2022 de la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, du cinéma, du disque, de la littérature, des métiers d’art et de la scène (RLRQ, chapitre S-32.1), les artistes ont accès aux recours judiciaires en cas de harcèlement et de violence sexuelle dans leur milieu de travail. L’Aparté peut les accompagner dans ces procédures, tout comme elle vient en aide aux travailleuses et travailleurs de la culture salariés ou autonomes non couverts par une entente collective.

Le directeur général de l’UNEQ, Laurent Dubois, a fait la déclaration suivante lors de la conférence de presse :

« Au début de l’été 2020, dans le milieu littéraire, des langues se sont déliées. Des femmes et des personnes issues des minorités de genre se sont regroupées pour se parler, s’écouter, se soutenir et finalement se décider à agir pour dénoncer certaines pratiques existantes dans le milieu du livre. Intimidation, harcèlement, agressions, abus de pouvoir, abus de position dominante, la liste est longue et douloureuse. Le milieu de la littérature ne fait pas exception !

Une lettre de plus de 150 signataires a été adressée à l’UNEQ pour interpeller notre organisation et nous demander de poser des gestes rapides et forts de prévention, mais aussi d’accompagnement.

En parallèle de cette lettre, plusieurs autrices nous ont partagé leurs histoires dans le but d’étudier avec elles les solutions existantes en termes de soutien et de recours.

Étions-nous prêts à recevoir une telle vague d’interpellations ? Oui et non. Oui, parce que nous connaissons notre milieu et savons très bien qu’il n’est pas exempt de certaines pratiques à bannir. Et non, parce qu’une organisation comme l’UNEQ est petite, bien trop petite pour accueillir seule au milieu de l’été une déferlante de témoignages aussi déstabilisants et choquants les uns que les autres.

C’est là que l’Aparté s’est révélé être le partenaire parfait. Très vite, nous avons pu nous appuyer sur toute l’expertise et le professionnalisme des juristes de cette organisation. Très vite, certaines écrivaines ont pu bénéficier d’écoute, de conseils et décider en toute conscience des suites à donner ou non selon les faits.

Très vite, l’UNEQ a pu se concentrer sur la mise en place d’actions d’informations, de formations, de prévention. L’UNEQ a missionné son comité sur les questions éthiques et sociales pour que soit mesuré l’ampleur de ces phénomènes. Les tristes résultats de ces travaux ont ainsi permis de réaliser qu’une écrivaine sur trois disait avoir été victime dans sa carrière d’un comportement inadéquat.

Dans son dernier bilan d’activité, l’Aparté classe « la littérature » en deuxième place au chapitre du nombre de dossiers traités par les avocates. C’est une médaille d’argent dont on aurait aimé se passer, mais il faut se dire que derrière chaque dossier traité, il y a une victime qui a osé parler et qui a pu trouver un service adapté pour recevoir cette parole. Et cela est très encourageant.

C’est pour toutes ces raisons que nous accueillons aujourd’hui l’annonce du ministre de la Culture et des Communications comme une immense nouvelle. Merci !

La loi sur le statut de l’artiste dans sa nouvelle mouture de juin dernier apportait déjà d’importants changements pour les artistes sur les questions de harcèlement, notamment en leur octroyant les mêmes recours que pour tout travailleur ou travailleuses du Québec. Mais aujourd’hui, un nouveau pas est franchi ! En nous présentant les nouveaux contours du mandat de l’Aparté, vous nous rassurez sur la pérennité de ce service désormais indispensable et vous nous démontrez que le milieu culturel a, sur cette question, été entendu par votre ministère.

Même si nous rêvons toutes et tous d’un milieu culturel exempt de harcèlement et d’intimidation, nous savons que ce jour n’est, hélas, pas pour demain. Il est certain que l’annonce d’aujourd’hui contribuera à nous rapprocher plus vite de ce jour tant espéré. »

Lire le communiqué de presse du ministère.
Prévention du harcèlement et de la violence, les ressources sur le site web de l’UNEQ.
Le site de l’Aparté.