Manifeste de Martine Delvaux à l’occasion de la JMLDA

Je veux mettre un E à la fin du mot « auteur ». Je veux défendre, ici, le droit d’auteur féminisé.

Il a fallu se battre pour avoir le droit de voter. On continue de se battre pour ne pas perdre le droit d’avorter. Je me battrai sans cesse pour que mes mots soient payés.

Je me battrai pour qu’on prenne soin de mes mots.

Pour que mes mots ne soient pas comme les repas, la lessive, le ménage, les confidences écoutées, les larmes essuyées, les histoires racontées.

Pour que mes mots, arrachés au temps, rêvés, espérés et bricolés malgré tout, soient enfin reconnus et valorisés.

Que mon travail cesse de passer inaperçu.

Qu’on ne prenne pas mes phrases pour acquis, mes poèmes, mes fragments, mes récits.

Qu’on ne voit pas mes livres comme une récréation, un intermède, un passe-temps.

Que mes pages ne soient pas vues comme des choses légères, trop intimes, trop personnelles, qui ne touche pas à l’universel.

Qu’on cesse de dévaluer ce qui compte le plus pour moi: ce que j’ai à dire, à montrer, à raconter.

Pour que je puisse un jour avoir un lieu pour écrire, un lieu à moi, autre chose qu’un bout de couloir ou une table couverte de miettes. Une chambre à moi qui ne sera pas bondée de jouets. Une pièce avec une porte et une clé.

Pour que puisse un jour exister vraiment celle que je suis: une femme qui écrit.

3 commentaires sur “Manifeste de Martine Delvaux à l’occasion de la JMLDA

  1. Ève Marie Langevin

    Oui, une «chambre à soi», un bureau, un lieu, un temps, pour dire le monde et être lue, pour échanger.
    Une question : pourquoi «poétesse» est encore peu utilisée et semble avoir encore une connotation péjorative ?

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